Cette seconde évocation du Métro dans un film n'est pas passée inaperçue lors du parcours de la ligne 5 sous le viaduc le long du boulevard de l'Hôpital, à revoir ici :
Boulevard de l'Hôpital - Ligne 5. En effet c'est à proximité du boulevard, dans la rue Poliveau toute proche, que furent tournées plusieurs scènes du film de Claude Autant-Lara, "
La traversée de Paris" sorti en 1956.
LA TRAVERSÉE DE PARIS - © 1956
Gaumont (France) -
Continental Produzione (Italie) - © 2009
Gaumont Vidéo -
Bourvil dans le rôle de Marcel Martin, ex-chauffeur de taxi au chômage pendant l'occupation (plus aucun taxi ne roule par manque de carburant),
Jean Gabin dans le rôle de Grandgil, artiste peintre, curieux de découvrir le marché noir et jusqu'où on peut aller et enfin
Louis de Funès dans le rôle de l'épicier Jambier, adepte du marché noir, dont le commerce consiste à faire transporter un cochon découpé dans des valises de la rue Poliveau à Montmartre.
Le premier instantané sur le Métro est extrait du générique du film où défilent des extraits de vues tournées durant l'occupation :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris" - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produzione (Italie) - © 2009 Gaumont Vidéo
On y découvre l'accès de la station "Mabillon" filmé durant l'occupation, d'où la présence de ce soldat allemand. Fermée à la déclaration de guerre le 2 Septembre 1939, comme tant d'autres, les usagers vont se rabattre sur la station "Odéon" toute proche. On notera que le porte-plan comporte la casquette destinée à limiter la diffusion de la lumière surtout de manière frontale. Sans connaitre l'heure à laquelle cette séquence a été tournée, l'endroit est désert à l'exception de ce personnage qui semble porter sur son dos un havresac.
Le second instantané montre le porte-plan de la station "Saint-Marcel" sur la ligne 5 :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris" - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produzione (Italie - © 2009 Gaumont Vidéo
Il est vraisemblable que cette séquence montrant l'arrière de l'accès ainsi que les suivantes ont très certainement été tournées boulevard de l'Hôpital au pied de l'Hôpital de la Pitié, bien qu'aucun indice ne permette de le confirmer. C'est ici que Marcel Martin (Bourvil) apparait montant les marches en compagnie de sa femme pour se rendre à son rendez-vous avec Jambier, rue Poliveau. Assis sur les marches un aveugle joue au violon la "Marseillaise", tandis qu'une jeune femme au moment de lui glisser une pièce le prévient qu'un officier allemand approche. Ce dernier va même lui donner une pièce contre toute attente. Accroché au dos de Marcel Martin on oberservera l'étui d'un accordéon qui jouera (c'est le cas de le dire) un rôle primordial dans la cave de Jambier quelques instants plus tard.
Le troisième instantané nous transporte cette fois rue Poliveau :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produzione (Italie) - © 2009 Gaumont Vidéo
La scène sensée se dérouler au 45, rue Poliveau a été en fait tournée au 13. Marcel Martin, de dos, arrive devant le porche que l'on aperçoit à droite. Tout au bout de la rue se profile le viaduc de la ligne 5 le long du boulevard de l'Hôpital. C'est pourquoi on peut découvrir le viaduc dans cette portion rectiligne de la rue, alors qu'au 45 la rue Poliveau a formé un coude d'où il est impossible de voir la ligne 5. Sans que l'on soit sur que le metteur en scène ait voulu montrer le viaduc, on peut se demander pourquoi Marcel Martin arrive dans ce sens, car il est plus rapide, en sortant de la station Saint-Marcel, d'emprunter la rue Poliveau depuis le boulevard de l'Hôpital.
Le quatrième instantané restitue la rue Poliveau de nuit, on devrait dire "extérieur-nuit" si l'on s'en tient au vocabulaire inscrit dans le scénario :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris" - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produione (Italie) - © 2009 Gaumont Vidéo
Les deux compères, Marcel Martin à gauche et Grandgil à droite, viennent de sortir du porche, lestés des quatre valises contenant le cochon découpé en morceaux, après que Grandgil ait extorqué de l'épicier Jambier une somme confortable pour le portage des valises jusqu'à Montmartre. Cette fois l'itinéraire va mener les deux personnages vers le viaduc dont on aperçoit cette fois deux travées et qui les mènera après le boulevard de l'Hôpital vers le quai Saint-Bernard, via la place Valhubert. Sur cet instantané il est difficile de dire si la scène a été tournée en décors naturels ou en studio où dans ce cas les travées du viaduc sont remarquablement reconstituées. Cette hypothèse pourrait être envisagée si l'on remarque, à droite du cliché, que le mur est lisse, alors que dans la scène de jour les immeubles comportent un assemblage de pierres taillées.
Le cinquième instantané met en scène le viaduc du Métro de la ligne 5, boulevard de l'Hôpital :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris" - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produzione (Italie) - © 2009 Gaumont Vidéo
Nos deux compères, sortant de la rue Poliveau, viennent de traverser le boulevard de l'Hôpital et s'engagent sous le viaduc de la ligne 5. Pas de doute la caméra a bien été plantée sous le viaduc et déroule son travelling, qui nous permet quelques séquences plus tôt d'apercevoir sur la gauche le dôme de l'église Saint-Louis de l'hôpital de la Salpétrière. Saluons au passage le metteur en scène d'avoir opté pour ce décor naturel "métropolitain", plutôt que d'avoir choisi de filmer ses comédiens sur le trottoir d'en face, trajet plus direct pour aborder le quai Saint-Bernard. On peut supposer que les lampadaires ont été règlés pour diffuser une lumière "à minima" afin de respecter les règles édictées par les autorités allemandes durant l'occupation, qui plus est, à une heure proche du couvre-feu.
Le dernier instantané nous ramène à la station Saint-Marcel :
Capture d'écran du film de Claude Autant-Lara "La traversée de Paris" - © 1956 Gaumont (France) et Continental Produzione (Italie) - © 2009 Gaumont Vidéo
Ce retour en arrière se justifie pour confirmer que les scènes de la Station Saint-Marcel ont bien été tournée au pied de l'Hôpital de la Pitié. En effet à gauche du porte-plan émerge le sommet du bâtiment à l'entrée de l'hôpital. Une comparaison passé/présent lors du parcours de la ligne 5 permet de découvrir la totalité du bâtiment, à revoir ici :
Station Saint-Marcel - Ligne 5. Lors de cette séquence cocasse Marcel Martin indique au paysan comment se rendre aux abattoirs de Vaugirard, sans prendre le Métro, pendant que la femme de Marcel évoque le nombre de tickets de viande que représente cette vache !